Monsieur le Président de la République,
Alors que le premier ministre dans sa conférence du 22 mai avait « oublié » les résidents des EHPAD parmi les mesures de déconfinement, le ministre de la santé a soudainement fait diffuser un communiqué de presse le 1er juin annonçant un élargissement des visites aux résidents des établissements privés de liberté depuis bientôt 3 mois.
Imaginez vous, monsieur le Président l’espoir que cette annonce a apporté à nombre de ces “prisonniers” ? Enfin ils avaient un horizon: le 5 juin, les portes des établissements, de leurs chambres s’ouvriraient sur leurs familles, amis, enfants et petits-enfants, parfois éloignés, qu’ils n’avaient pas vus depuis mars. A l’heure où tous les Français ne pensent qu’à sortir, faire la fête, se rassembler, dans des conditions parfois laxistes ou non maîtrisées, l’heure des rencontres, de pouvoir se voir et s’entendre, de renouer des liens affectifs avait aussi sonné dans les EHPAD.
Mais la réalité est tout autre.
Si le communiqué de presse du ministre de la santé parle d’ouverture des établissements, annonce qui a été reprise sans précision par tous les medias comme un soulagement, les dispositions réelles de ces visites, leur organisation, recensées dans un protocole de consignes « actualisé » ne sont pas modifiées fondamentalement par rapport à celles du protocole antérieur, du 20 avril. Certes, beaucoup de directeurs_trices d’établissements ont depuis le début organisé des visites dans des conditions satisfaisantes, innovantes et éventuellement dans la concertation, d’autres, forts de la liberté d’organisation laissée par le ministère se sont comportés comme des potentats peureux ou sans scrupules et n’ont permis que bien petitement l’accès des familles frustrées à leurs parents résidents, et dans quelles conditions !
Monsieur le Président, résidents et familles n’en peuvent plus après tout ce temps. Nous vous demandons de rappeler à tous les responsables que la liberté attachée à tous les citoyens de ce pays doit leur permettre de jouir de la présence de leurs proches, en vis-à-vis, sans restriction ou prétexte organisationnel.
Monsieur le Président vous pouvez rendre aux prochaines fêtes des mères et des pères leur caractère festif, ne transformez pas ce grand espoir légitime en simple effet d’annonce contredisant les modalités d’application. Cette dernière étape de la vie ne doit plus attendre toute son expression affective. Il sera vite trop tard.
Tous, familles, proches et résidents, vous sauront gré de prendre en considération cette urgence de libérer ces visites, en gardant bien sûr tous les gestes d’hygiène nécessaires.
Nous vous prions d’agréer, monsieur le Président, l’expression de notre très haute considération.